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RESEARCH PRODUCT
Renforcer l’immunité des plantes pour réduire l’usage des pesticides. Avis de l'expert « Il est possible de produire sans pesticide »
Stéphane Cordeau Le Nysubject
[SDV] Life Sciences [q-bio]sans pesticideagroécologievulgarisationdescription
Chercheur à l’Inrae Dijon, Stéphane Cordeau est responsable de la plateforme expérimentale CA-SYS, créée en2018, quidéveloppe des systèmes de productionagricole sans pesticide. Réduire de 50 % l’emploi de pesticides d’ici 2030,est-ce atteignable ? 2030 c’est demain. Je ne peux pas dire si c’est possible ou pas, en revanche c’est un enjeu de taille. Les dispositifs zéro pesticide que l’on teste sur la plateforme CASYS, coconstruite avec le monde agricole depuis2013,visent à éclairer les impasses, les difficultés, les performances, le coût de la transition. On a quatre ans de recul qui démontrent qu’il estpossibledeproduiresanspesticide,maisàdesniveaux de productivité plus faibles. Quels sont les leviersque l’on peut actionner ?Le premier levier est de diversifier les culturesque l’on produit : dans la rotation descultures dans le temps, d’une part, et dans la parcelle d’autre part. Par exemple, au lieudu blé seul,on va faire du blé et du pois en même temps.En lien avec la génétique, on va faire du mélange de variétés, quatre blés mêlés parexemple, le mélange étant plus tolérant aux bioagresseurs. On va aussi procéder à un désherbage mécanique, avec des outils qui vont gérer la flore adventice sans recours à des herbicides. La baisse de rendement est-elle inévitable ?Quand on conçoit des systèmes zéro pesticide, on a des objectifs de production plusfaibles que le potentiel de production de la terre. Sur notre dispositif, on a un potentiel de 80 quintaux/ha de blé, si l’on apporte suffisamment de pesticides, d’engrais, etc. On s’était fixé un objectif de 70 quintaux, on est autour de 50 aujourd’hui.Le monde agricole peut-il tolérer ces contraintes ?Certaines sont difficiles à accepter pour plusieurs raisons. La première, c’est lecoût qu’elles engendrent ;on produit moins, on a des charges supplémentaires. Laseconde, c’est le tempspassé ; les techniques alternatives à l’emploi de pesticides sont plus coûteuses entemps.Derniers points, ça demande de la technicité, de la formation, beaucoup plus de suivides parcelles, pour intervenir au meilleur moment. De l’accompagnement des agriculteurs et sûrement un accompagnement financier à cette transition
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2022-01-01 |