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RESEARCH PRODUCT
L'école préfère t'elle les filles ?
Marie Duru-bellatsubject
Stéréotype[SHS.SOCIO]Humanities and Social Sciences/Sociology[SHS.SOCIO] Humanities and Social Sciences/Sociology[SHS.EDU]Humanities and Social Sciences/Education[SHS.EDU] Humanities and Social Sciences/EducationEcoleGeneral MedicineDifférenciation sexuelleEducationEducation des fillesInégalité sexuelleFranceGenreRéussite scolairedescription
Sociologue de l'education, professeure emerite a l'IEP-Paris et chercheure a l'Iredu (Institut de recherche en education) et a l'Observatoire sociologique du changement (OSC/CNRS) Article paru dans Sciences humaines, n°313, p.7, avril 2019 Jusqu'au tournant des annees 2000, tant les chercheurs que les medias consideraient plutot que les filles etaient desavantagees a l'ecole : on parlait ainsi de leur « fausse reussite ». Aujourd'hui, alors qu'il est indeniable que les filles sortent de l'ecole plus diplomees, ce sont les garcons qui polarisent l'attention : l'institution scolaire ne leur serait-elle pas, notamment parce que trop feminisee, defavorable ? Mais est-ce si immediat de conclure a l'avantage des unes et des autres ? Tout depend des indicateurs 1. Estimera-ton que le plus important, c'est d'etre a l'aise dans la vie courante grâce a une bonne maitrise de l'ecrit, ou d'etre en tete de la course aux diplomes menant aux emplois les plus attractifs ? Dans le premier cas, on s'inquietera de voir les garcons peiner a apprendre a lire et etre si nombreux a entrer en 6 eme avec des acquis fragiles ou insuffisants (18% des garcons, contre 11% des filles), un ecart qui ne se comble pas au college. Mais cela n'empeche pas les garcons d'en sortir avec un meilleur niveau en histoire-geographie, en sciences experimentales et en mathematiques, avec en particulier moins de filles excellentes dans cette matiere. Au moment de l'orientation, ces differences contribuent a canaliser celles-ci dans des filieres litteraires ou professionnelles tertiaires-vu leur meilleur niveau en Francais et en Langues-, tandis que les garcons, soit se retrouvent, du fait de leur faiblesse dans la maitrise de l'ecrit dans des formations techniques industrielles pas toujours choisies, soit tirent profit de leurs succes en sciences pour accaparer les voies les plus prestigieuses. Tous les garcons ? De fait, deux populations de garcons aux devenirs tres tranches se distinguent, et rien ne serait plus faux que de parler des garcons comme d'un groupe homogene. Ainsi, les difficultes en primaire sont bien plus marquees par l'origine sociale que par le sexe : les fils de cadres y redoublent moins que les filles de tous les autres milieux sociaux (ils en sortent avec un taux de retard de 4% contre 14% pour les filles d'ouvriers, par exemple). Ensuite, le fait d'etre un garcon reprend de l'importance des lors que se profile a l'horizon l'orientation professionnelle : un grand clivage se dessine alors entre garcons et filles, et aussi entre garcons selon le milieu d'origine et le niveau scolaire, depuis les formations professionnelles dans le bâtiment ou l'industrie-pour les garcons de milieu populaire-jusqu'aux grandes ecoles d'ingenieurs, ou se concentrent les fils de cadres. Cela dit, face a la variete des orientations entre les sexes, il est difficile d'echapper aux jugements de valeur : n'est-il pas discutable de considerer qu'etre eleve ingenieur-au moins 70% de garcons-est forcement « mieux » qu'etre etudiante en Langues-au moins 75% de filles-, sauf a sous-entendre que c'est toujours « mieux » quand il y a une majorite de garcons ? 1 Voir les trois derniers numeros (96, 97, 98) de la revue Education et formation.
year | journal | country | edition | language |
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2019-04-01 |