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RESEARCH PRODUCT

Ce que Diderot a fait à Helvétius (1758 - 1773)

Sophie Audidière

subject

Utilitarisme[SHS.PHIL] Humanities and Social Sciences/PhilosophyMatérialisme[ SHS.PHIL ] Humanities and Social Sciences/PhilosophyPhilosophie des LumièresHistoire de la philosophie[SHS.EDU]Humanities and Social Sciences/EducationInnéisme[SHS.EDU] Humanities and Social Sciences/EducationIdentité personnelle[SHS.PHIL]Humanities and Social Sciences/Philosophy[ SHS.EDU ] Humanities and Social Sciences/Education

description

Un lieu commun de l'histoire de la philosophie des Lumières veut que Diderot et Helvétius représentent deux voies incompatibles traversant les Lumières. La première voie, celle d'Helvétius, défendrait avant tout la thèse de l'égalité entre les esprits, et à cette fin serait contrainte de nier la dimension physiologique de la pensée humaine, potentiellement porteuse de différences innées, et peut-être indépassables. La seconde voie, celle de Diderot, attentive au contraire à la naissance des " sciences de la vie " et de la physiologie (celle de Haller), s'en remettrait aux progrès de ces dernières pour décider la question de l'égalité des esprits. Appelons cette thèse la thèse de l'organisation. L'approfondissement de la polémique menée par Helvétius dans De l'Esprit et De l'Homme est une question non traitée dans la recherche actuelle. Quant à la Réfutation, on dispose de trois références plus ou moins récentes dédiées à l'examen de notre couple de textes. Dans tous les cas, les commentateurs reconduisent le modèle d'une opposition binaire entre Diderot et Helvétius. Or à mon sens, il s'agit de deux corpus artificiellement soustraits à un ensemble plus large, dont le problème est le suivant : les lois qui régissent la nature matérielle ne semblent pas suffire pour expliquer le monde proprement moral (des mours), i.e. pour décrire une anthropologie, ni pour rendre compte des différences individuelles entre les hommes, i.e. pour rendre compte de l'identité personnelle. Cependant, nos deux auteurs refusent de soustraire pour autant les hommes à l'empire de la nécessité et d'en faire des êtres libres, grâce, par exemple, à l'introduction en eux d'une substance spirituelle qui échapperait aux lois de la matière. Les niveaux de compréhension (le monde, l'homme, l'individu) semblent donc exiger une différenciation des types de nécessité (historique). La communication souhaite donc montrer que l'articulation de la question anthropologique et de la question de l'identité personnelle est menée chez Helvétius en dialogue critique avec d'autres ouvres que celle de Diderot, et chez Diderot à l'occasion de la lecture d'Helvétius certes, mais surtout en un dialogue interne, qui est la forme même de sa pensée quand elle affronte une difficulté.

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