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RESEARCH PRODUCT

Travail du sol et mauvaises herbes: quels enjeux pour les techniques culturales sans labour dans le cadre d'une gestion intégrée ?

Bruno ChauvelClément TschudyNicolas Munier-jolain

subject

[SDV.SA]Life Sciences [q-bio]/Agricultural sciences[SDV.SA] Life Sciences [q-bio]/Agricultural sciencesCOMMUNAUTE ADVENTICETCSLCOMPOSANTES BIOLOGIQUESTECHNIQUES CULTURALE SANS LABOURSRESIDUS VEGETAUX

description

National audience; Le travail du sol (labour superficiel ou profond) constitue encore aujourd’hui la base de la mise en place des cultures dans une grande majorité des parcelles cultivées en France. Le choix des outils, la date et la fréquence des interventions sont dictés par un certain nombre de règles de décision liées à la parcelle (type de substrat) et au système de culture. La présence de composantes biologiques (mauvaises herbes, limaces, micromammifères) ou la présence de résidus végétaux peuvent aussi influer sur les choix de l’agriculteur. Même si un travail du sol n’est pas nécessairement dirigé contre la flore en place, il perturbera obligatoirement la communauté adventice en éliminant les plantes en place, en modifiant la position des semences dans le profil de sol et en favorisant la germination de nouvelles semences. L'impact sur l’environnement des techniques culturales sans labour (TCSL) est fréquemment décrit de manière positive en termes de protection des sols contre l'érosion, de protection des nappes ou encore de réduction des émissions de gaz liés aux changements climatiques. Un effet favorable de ces pratiques dites « simplifiées » sur les composantes biologiques, à la base de nombreux services écologiques tels que les vers de terre ou les mycorhizes, est également souvent rapporté. En ce qui concerne la flore adventice, le développement des TCSL se traduit par la sélection d'espèces d'adventices ayant des caractéristiques biologiques différentes (espèces pluriannuelles, aptes à germer en surface et peu dormantes) entraînant la formation de communautés nouvelles. Ces évolutions floristiques seront très dépendantes des pratiques complémentaires employées pour la gestion de la flore adventice (date de semis, rotation,...). L’actuel développement des TCSL s'inscrit dans un contexte de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, dont les herbicides (plan Ecophyto 2018). Or les TCSL ont pour conséquence de concentrer les semences d’adventices dans les premiers centimètres du sol, maximisant ainsi leur potentiel de germination. Le passage en TCSL, et en particulier au semis direct, s’est généralement traduit par une utilisation plus importante d’herbicides pendant la culture mais aussi pendant l’interculture. Cette gestion de la flore adventice, actuellement très dépendante des herbicides, s'est traduite par le développement de populations résistantes aux molécules utilisées. Aussi, la limitation de l’utilisation des produits de synthèse constitue un problème supplémentaire dans le développement des TCSL dans la mesure où les deux principaux leviers de gestion des communautés de mauvaises herbes se trouvent être réduits en même temps. Le passage en TCSL doit donc obligatoirement s’accompagner d’un certain nombre de pratiques ayant pour objectif, d’une part, d’éliminer une partie des adventices avant le semis de la culture, et d’autre part de limiter leur développement une fois la culture installée. Certaines de ces pratiques sont actuellement testées dans le cadre d'une expérimentation de longue durée sur le Domaine expérimental INRA d'Epoisses (21) qui vise à évaluer des prototypes de systèmes de culture intégrés, en particulier en ce qui concerne la gestion de la flore adventice. L'évaluation multicritères de ces systèmes permet de tenir compte de critères environnementaux (dépendance aux herbicides, gaz à effets de serre,...), de critères biologiques (évolution des communautés de mauvaises herbes) et de critères économiques. Les premiers résultats montrent par exemple que les techniques de faux semis, qui consistent à faire lever et à détruire les plantules avant le semis de la culture, semblent particulièrement efficaces dans les systèmes de culture en TCSL. Ainsi, la combinaison de techniques prophylactiques (choix de rotations diversifiées, variétés compétitives, désherbage mécanique, faux semis,...) donne de bons résultats en termes de réduction des impacts environnementaux et de maîtrise des communautés adventices, permettant d'envisager des systèmes de culture alliant TCSL et gestion intégrée des mauvaises herbes.

https://hal.inrae.fr/hal-02663016