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Eisenstein: une figuration, des corps pour le pathétique?
Vicente Sánchez-bioscasubject
UNESCO::CIENCIAS DE LAS ARTES Y LAS LETRAS:CIENCIAS DE LAS ARTES Y LAS LETRAS [UNESCO]Cine y vanguardiasThéorie du montageCine soviéticoEisensteindescription
"C'est à ce degré qu'il plut plusieurs fois au Seigneur de me donner cette vision : je voyais près de moi, à ma gauche, un ange dans sa forme corporelle, ce qu'il ne m'arrive de voir que très exceptionnellement [ ... ]. Mais il plut au Seigneur de me montrer l'ange sous cette forme. Il n'était pas grand, plutôt petit, d'une grande beauté, son visage tres enflammé le désignait comme des plus élevés, qui semblent tout embrasés. [ ... ]Je voyais dans ses mains un long dard en or, avec, au bout de la lance, me semble-t-il, un peu de feu. Je croyais sentir qu'ill' enfonçait dans mon coeur à plusieurs reprises, il m'atteignait jusqu'aux entrailles, on eût dit qu'il me les arrachait en le retirant, me laissant tout embrasée d'un grand amour de Dieu. La douleur était si vive que j'exhalais ces gémissements dont j'ai parlé, et la suavité de cette immense douleur est si excessive qu' on ne peut désirer qu'elle s'apaise, et que l'âme ne peut se contenter de rien moins que de Dieu. Ça n'est pas une douleur corporelle, mais spirituelle, pourtant le corps ne manque pas d'y participer un peu, et même beaucoup. C'est un duo si tendre entre l'âme et Dieu que je le supplie d' en donner un avant-goût a ceux qui penseraient que je mens". Ces mots appartiennent a sainte Thérese. A deux reprises, sainte Thérese. Cette derniere vue de l'intérieur, c'est-à-dire depuis son discours qui met en mots son corps littéralement brûlé par le dard qui pénètre ses entrailles et qui la fait tressaillir en une extase sexuelle sans équivoque. La première, l'image d'une mère en deuil, comme un collage qui intégrerait une succession de représentations, de moments, en une totalité immobile. Un ventre de mère percé, une jouissance du corps blessé, des yeux qui regardent vers le haut, vers le ciel. Entre les deux, le Bernin, premier metteur en images de la scène extatique d' autrui, d'où Eisenstein tire la source de son image. Ne sommes-nous pas des lors autorisés de soupçonner que 1'émergence de ces images par lesquelles l'irreprésentable se représente, en dit long sur une autre jouissance, nourrie par celui qui les crée et qui nous fait participer- à tout le moins le petit spectateur queje suis- de la vivante expérience de la douleur? Ce texte s'occupe d'analyser la notion de pathétique dans l'oeuvre d'Eisenstein, autant dans ses références artistiques et religieuses que dans son style de montage.
year | journal | country | edition | language |
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2001-01-01 |