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Le mythe de la décentralisation culturelle
Philippe Poirriersubject
[ SHS.HIST ] Humanities and Social Sciences/Historydécentralisation culturelle[SHS.HIST] Humanities and Social Sciences/Historydéconcentrationpolitiques culturelles[SHS.HIST]Humanities and Social Sciences/Historypolitiques publiquesdescription
rubrique "forum"; International audience; Le vingtième anniversaire de la « décentralisation culturelle » invite à revisiter un processus politique, que l'imprécision des termes conduit le plus souvent à rendre peu lisible. Construction de nouveaux équipements culturels (Auditorium à Dijon et Metz, médiathèques dans de nombreuses villes), rénovation des grands musées de province (Lille, Rouen, Nantes, Lyon), construction de musées d'art contemporain, création des Frac, multiplication des festivals, restauration des centres anciens des villes, croissance des dépenses culturelles des villes, départements et régions : le paysage culturel de la France a enregistré de profondes mutations. Faut-il voir dans cette situation, un effet direct des lois de décentralisation initiées au début des années 80 ? Cette offre culturelle n'est-elle pas plutôt la résultante d'une rencontre entre une politique nationale qui dispose de réels moyens et du volontarisme propre des collectivités locales ? En 1981, l'arrivée de la gauche au pouvoir a conduit à un repositionnement des principaux acteurs des politiques culturelles publiques. Si la décentralisation culturelle se résume à peu de choses à l'aune du seul critère juridique du transfert des compétences, le contexte général, marqué par les lois de décentralisation, a renforcé le poids des élus dans leur relation avec l'Etat. La rencontre d'une politique étatique volontariste et de politiques locales dotées de moyens considérables, d'une véritable cohérence d'ensemble et gérées par des services professionnalisés a profondément modifié le paysage culturel national. La majorité des élus ne souhaitaient pas que l'Etat abandonne ses prérogatives et se désengage financièrement. De surcroît, le ministère de la Culture ne voulait pas, par une trop grande décentralisation, perdre ses capacités d'action et mécontenter les acteurs culturels. L'action publique culturelle fonctionne depuis comme un système de coopération. L'Etat, qui peut s'appuyer sur des services déconcentrés renforcés (les DRAC), a privilégié la coopération entre les différents acteurs publics. De leur côté, les collectivités locales ont compris que la politique culturelle pouvait être un atout dans une politique d'image et de développement économique. Elles ont mené des stratégies de coopération adaptées à leur projet territorial et ont su saisir les opportunités offertes par l'Etat. Les résultats sont divers selon les échelons considérés — les régions ont plus de mal à se situer que les départements et surtout les communes – et selon les secteurs culturels. Une décentralisation culturelle renouvelée Le bon fonctionnement de ce partenariat a été remis en cause au début des années 90 par l'attitude de l'Etat. La faible croissance de son budget culturel, le poids croissant des grands
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2002-11-01 |