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RESEARCH PRODUCT

La honte d’exister

Pierre Ancet

subject

DisabilityHealth (social science)Health PolicyPhilosophyPublic Health Environmental and Occupational HealthHandicapShameCulpabilitéSocial recognitionHealth(social science)Psychiatry and Mental healthHonteGuiltSocial recognitionOrthopedics and Sports MedicineHumanitiesReconnaissance

description

RésuméÀ la différence de la honte sociale, la honte ontologique se distingue nettement de la culpabilité. La culpabilité a trait à ce que l’on fait (ou ce que l’on est supposé avoir fait), tandis que la honte ontologique se rapporte à ce que l’on est (ou à ce que l’on se sent être). Cette honte se manifeste sous diverses formes : échecs involontairement entretenus, agressivité, déni. La honte ontologique est fréquemment liée au handicap en raison de ce qu’il représente pour soi (ne plus être soi après l’accident), pour sa famille (la venue d’un enfant qui a un handicap de naissance). Mais la honte d’exister n’est pas réservée aux personnes qui ont un handicap, de même qu’il n’est pas obligatoire que celles-ci la ressentent. Le croire serait peut-être un moyen de masquer sa propre incapacité à reconnaître son malaise face au handicap. Ce malaise désigne une tout autre forme de honte, celle que peut éprouver la personne ordinaire lors de la rencontre du handicap. Cette honte semble minime relativement à la honte ontologique. Mais ses conséquences au quotidien peuvent être redoutables. Aussi ne faut-il pas l’éluder, tout en réfléchissant aux voies de la reconnaissance par lesquelles lutter contre les effets dévastateurs de la honte d’exister.AbstractContrary to social shame, ontological shame is quite distinct from guilt. Guilt refers to what we do (or to what we are thought to have done), whereas ontological shame refers to what we are (or to what we feel we are). This shame can be expressed in different ways: failures maintained involuntarily, aggressiveness, denial. Ontological shame is often linked to handicap because of what handicap represents to oneself (not being oneself after the accident), or to one's family (the birth of a child that is different from what was expected). But the shame of being is not limited to people with a handicap, nor will they necessarily feel it. To believe this could be a means to hide our own incapability to acknowledge our embarrassment towards handicap. This embarrassment is an altogether different type of shame–the type that an ordinary person may feel when encountering a handicap. That shame seems minimal compared to ontological shame, but its consequences on a day-to-day basis can be formidable. Therefore, we should not evade it but rather ponder about ways of recognition to fight against the devastating effects of the shame of being.

https://doi.org/10.1016/j.alter.2012.09.001