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RESEARCH PRODUCT

Développement de l'acceptabilité des aliments solides. A partir de quel âge les morceaux sont-ils acceptés par l'enfant sain ?

Sophie NicklausCarole Tournier

subject

food oral processing[SDV.MHEP.PED]Life Sciences [q-bio]/Human health and pathology/Pediatricsmasticationalimentfoodstuff[SDV.AEN] Life Sciences [q-bio]/Food and Nutritionnourrisson[SDV.MHEP.PED] Life Sciences [q-bio]/Human health and pathology/Pediatricschildrencapacité d'absorptiondiversification alimentairerecommandationsdevelopmenttextureenfant[SDV.AEN]Life Sciences [q-bio]/Food and NutritionComputingMilieux_MISCELLANEOUSdéveloppement

description

Les aliments solides sont proposés aux nourrissons vers 4-6 mois, lorsque leurs besoins nutritionnels ne peuvent plus être uniquement assurés par le lait. Ces aliments (fruits, légumes, produits céréaliers…) sont généralement proposés sous forme de purée ou de bouillie. Au fil des mois, les purées sont ensuite remplacées par des textures de plus en plus consistantes et dures, permettant à l'enfant d'apprendre progressivement à manger les aliments de la table familiale. Cet apprentissage est dépendant du développement des capacités masticatoires de l'enfant, particulièrement dynamique dans la petite enfance. En effet, pour accepter un aliment, l'enfant doit être capable de le manger. Si, à l'heure actuelle le développement de la fonction masticatoire est assez bien connu d'un point de vue théorique, son impact sur l'acceptabilité de la texture des aliments de diversification a été rarement caractérisé expérimentalement, sur très peu de textures et jamais de façon longitudinale. Pourtant, caractériser de manière objective ce que l'enfant sain est capable de manger (c'est-à-dire d'avaler) en fonction de son âge pendant la période de la diversification est nécessaire pour fournir des repères objectifs du développement normal des capacités masticatoires lors des premières années de vie, à destination des professionnels de santé. Nous avons suivi deux groupes d'enfants au fil des mois (1). Le premier groupe de 24 enfants a démarré l'étude à 6 mois et a été revu à 8 et 10 mois. Le second de 25 enfants a été revu à 12, 15 et 18 mois. Suivant les âges, nous leur avons proposé trois cuillères (purées lisse ou granuleuse, petits morceaux de légumes cuits ou crus, petits morceaux de viande, pâtes, muesli, morceaux collants (banane et brie) et petits plats bébé du commerce) ou un morceau (pain et biscuit) d'aliments de textures très variées, à un âge auquel bien souvent leur parent ne leur avait pas encore proposé à la maison. Pour chaque aliment, nous avons évalué comment l'enfant le mangeait (en le suçant ou en le mastiquant) et s'il acceptait l'aliment (s'il était capable de l'avaler). Le parent évaluait, quant à lui, si son enfant aimait ou non l'aliment. Les résultats ont montré que les purées granuleuses avec ou sans petits morceaux mous étaient très bien acceptées dès 6 mois et que les enfants les consommaient par succion. Entre 6 et 10 mois, les enfants apprenaient progressivement à mastiquer, ce qui leur permettait d'accepter de mieux en mieux des morceaux mous, collants et le pain. Cependant, à 10 mois, moins de 50 % des enfants étaient capables de manger un quignon de pain ou un biscuit pour bébé dans le temps imparti (une minute), et c'était seulement à 15 mois que tous les enfants acceptaient ces aliments. Entre 12 et 18 mois, les enfants mastiquaient tous les aliments et le comportement de succion avait quasiment disparu. Il s'agit donc d'une période de développement de l'acceptabilité des morceaux de légumes crus et des pâtes (pennette) mais ces aliments n'étaient acceptés par plus de 50 % des enfants qu'à partir de 15 mois ; et certains enfants ne parvenaient toujours pas à les manger à 18 mois. Les parents ont reporté leur jugement de l'appréciation des aliments par leur enfant. Pour eux, leur enfant aimait l'aliment dès qu'il était capable de le manger, à l'exception du pain et du biscuit, jugés appréciés même si les enfants avaient du mal à les avaler. Ces données révèlent que les enfants acceptent en petite quantité la plupart des textures proposées ; à un âge généralement plus précoce que ce que leur donnent leurs parents à la maison. Ces observations nous ont conduits à étudier les pratiques maternelles d'introduction de différentes textures de manière plus globale ; auprès d'un large échantillon de mères d'enfants âgés de 4 à 36 mois vivant en France (2). Cette étude a été réalisée à l'aide d'une enquête contenant 188 aliments texturés incluant des purées, des petits morceaux mous, des morceaux durs et/ou gros ainsi que les doubles textures (morceaux dans une phase liquide). Elle a été diffusée en ligne et remplie par environ 3000 mamans qui ont noté pour chaque aliment si elles l'avaient déjà proposé à leur enfant. Nous avons mis en évidence que durant la première année de vie, les enfants étaient principalement exposés aux aliments sous forme de purée. Les petits morceaux mous étaient progressivement introduits entre 6 et 22 mois, tandis que les morceaux durs et/ou gros ainsi que les doubles textures étaient majoritairement introduits à partir de 13 mois. L'exposition aux textures était positivement associée avec le nombre de dents de l'enfant et la capacité de celui-ci à manger seul avec les doigts ou avec une fourchette. Pour presque toutes les classes d'âge, l'exposition aux textures était plus élevée chez les enfants ayant été diversifiés plus tôt et plus faible chez ceux nourris uniquement avec des aliments du commerce destinés aux bébés, et plus élevé chez ceux nourris durant leur seconde année avec du fait-maison et des aliments du commerce non destinés aux bébés. Notre étude a donc montré que jusqu'à 12 mois, la majorité des enfants en France sont peu exposés à des morceaux. Une étude observationnelle anglo-saxonne (3) ayant suggéré qu'une introduction tardive (après 10 mois) aux aliments texturés pourrait être associée à un régime alimentaire plus restrictif à l'âge de 7 ans, nos travaux actuels visent à étudier l'impact d'une sensibilisation des mamans à l'importance de proposer des morceaux rapidement après le début de la diversification alimentaire sur le développement des capacités masticatoires et de l'acceptabilité des textures par leur enfant. 1. Demonteil, L., Tournier, C., Marduel, A., Dusoulier, M., Weenen, H., & Nicklaus, S. (2019). Longitudinal study on acceptance of food textures between 6 and 18 months. Food Quality and Preference, 71, 54-65. doi: 10.1016/j.foodqual.2018.05.010 2. Demonteil, L., Ksiazek, E., Marduel, A., Dusoulier, M., Weenen, H., Tournier, C., & Nicklaus, S. (2018). Patterns and predictors of food texture introduction in French children aged 4–36 months. British Journal of Nutrition, 1-13. doi: 10.1017/s0007114518002386 3. Coulthard, H., Harris, G., & Emmett, P. (2009). Delayed introduction of lumpy foods to children during the complementary feeding period affects child's food acceptance and feeding at 7 years of age. Maternal & Child Nutrition, 5(1), 75-85.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02937472/file/nicklaus_2020_vol12_pp11_nutri_pediat.pdf