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RESEARCH PRODUCT

Le témoin face au défi de la vraisemblance. L’usage de l’ekphrasis chez une rescapée du génocide des Tutsi au Rwanda

Lucie Donckier De Donceel

subject

ekphrasis retorica testimonianza ruanda genocidioSettore M-FIL/05 - Filosofia E Teoria Dei Linguaggi

description

Cet article part du constat suivant : même si penser le génocide n’est pas nouveau, chaque massacre de cette nature reste un événement inédit dans sa singularité. Or, comment faire pour raconter un événement qui est, par essence, unique, un événement qui, littéralement, ne ressemble à rien de connu ? Ce défi-ci, est d’un ordre particulier : il n’est ni juridique, ni historique, il est rhétorique. Le défi rhétorique que constitue l’expression d’un fait ineffable, ici génocidaire, a notamment été étudié par Marc Dominicy et Emmanuelle Danblon qui, dans leurs travaux sur les témoignages des rescapés de la Shoah, ont souligné deux points. Ils remarquent le recours aux figures pour exprimer l’ineffable et ont qualifié ce défi, de défi pour la vraisemblance. Dans cet article, nous nous proposons, à partir de ces deux considérations, d’analyser l’ekphrasis comme stratégie du témoin pour figurer l’invraisemblable. Plus précisément, nous soutiendrons que le recours à cette figure permet deux choses. D’une part, l’évocation mentale et sensorielle de ce que peut être un génocide. D’autre part, l’évocation d’une image mémorielle que l’on peut ensuite transmettre. Enfin, la question de la transmission nous permettra de clôturer notre étude par une brève réflexion sur la fonction sociétale des témoins rescapés des grandes catastrophes humaines.

https://doi.org/10.4000/rhetorique.1223