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RESEARCH PRODUCT

L'éveil des papilles

Benoist SchaalMathieu Nowak

subject

[SDV.AEN] Life Sciences [q-bio]/Food and Nutrition[ SDV.AEN ] Life Sciences [q-bio]/Food and Nutrition[SDV.AEN]Life Sciences [q-bio]/Food and Nutrition

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Telle mère, telle fille ; tel père tel fils. En matière de préférences alimentaires on pourrait croire que les parents conditionnent les enfants. Pourtant, c'est surtout seuls qu'ils se forgent leurs goûts. "E t dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (...) , aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières. " L'association d'un goût agréable et de souvenirs d'enfance est tellement familière que les madeleines de Proust, décrites dans le roman Du côté de chez Swann, sont devenues une expression commune de notre langage. Mais nos goûts sont-ils vraiment façonnés au cours de l'enfance, sous l'influence de notre entourage ? Des résultats récents nous permettent d'identifier les grandes étapes au cours desquelles nous apprenons à apprécier certaines odeurs et certains goûts. Avant la naissance, les enfants vivent au rythme de leur mère. Ils sont exposés à tous ses menus, reflets de la cuisine locale. En avalant et en inhalant le liquide amniotique, le foetus accède à la palette des odeurs et des saveurs des aliments choisis par la mère. Il se forge un avant-goût de ce qui l'attend dans sa vie future. Nous avons pu le vérifier au cours d'une expérience : elle consistait à proposer à des femmes enceintes des sucreries à l'anis dans les dix jours précédant l'accouchement, puis à évaluer le comportement des nouveau-nés quatre jours après la naissance. Lorsque l'on a présenté aux bébés deux odeurs, ils ont tourné leur tête vers celle d'anis, alors que les enfants dont la mère n'avait pas mangé de bonbons ainsi parfumés n'ont pas montré de préférence [1] . Selon d'autres études, ce même effet existe pour des arômes d'ail, de carotte ou d'alcool. C'est donc dès la vie intra-utérine et sous l'influence de la mère que l'enfant apprend à apprécier les odeurs. Plaisir sucré Pour ce qui est du goût, la plupart des scientifiques s'accordent à dire en revanche qu'il dépend surtout de l'expression génétiquement programmée de récepteurs situés sur (...) Réf. : [1] B. Schaal et al., Chem. Senses, 25, 729, 2000. [2] G. Coureaud et al., Dev. Psychobiol., 40, 372, 2002. [3] R. Soussignan et al., Physiol. Beh., 62, 745, 1997. [4] J. Mennella et G. Beauchamp, Infant Beh. Dev., 19, 1996. [5] A. Maier et al., Clin. Nutr., 27, 849, 2008. [6] P. Agran et al., Pediatrics, 111, 683, 2005. [7] K. Dunker, J. Abnorm. Social Psychol., 33, 489, 1938. [8] P. Rozin, Appetite, 16, 93, 1991.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00755517